Petites histoires d’art 07.04

Jan Van Eyck, 1434, The Arnolfini portrait
Le portrait est l’art de représenter une personne par le dessin, la peinture ou la photographie. La représentation peut être réalisée sous différents angles : en pieds, en buste, de profil, de trois quart ou encore en auto-portrait.
Portrait vient du latin portrahere qui signifie révéler à la lumière, exposer. L’ambition d’un portrait est donc de faire plus qu’une simple copie du réel mais de révéler la personne par une représentation artistique.
Depuis la préhistoire en passant par l’antiquité, la renaissance, l’art nouveau, le cubisme ou encore la photographie, tous les mouvements artistiques se sont intéressés au portrait. Tout d’abord pour représenter les scènes quotidiennes et pour rendre hommage lors de cérémonies funéraires, ou encore comme moyen d’introduction d’une personne à une autre au moyen âge et à la renaissance. En effet, lors de mariages arrangés entre personnes de régions ou de pays différents il était plus simple de faire parvenir un portrait pour présenter la promise à son futur époux.
Au fil des siècles, l’art s’est démocratisé et a permis de réaliser le portrait non plus de personnes riches, mais aussi le portrait de personnes du quotidien afin de célébrer des événements heureux comme un mariage ou une naissance, ou encore garder un souvenir.
Le portrait en pied de Jan Van Eyck est une œuvre incontournable, d’une part parce qu’elle symbolise la transition du moyen âge vers la renaissance et d’autre part parce qu’elle introduit des éléments nouveaux comme le miroir avec une mise abyme de la scène. Plus qu’une œuvre innovante, il réalise là un portrait qui continue de questionner les historiens. Depuis plusieurs décennies les interprétations se multiplient sur l’origine de l’œuvre, son objectif et ce qu’elle représente.
En effet, l’artiste à annoter au-dessus du miroir « Johannes de Eyck fuit hic », ce qui amène une première question quant à la signification de « fuit hic » qui peut se traduire par « fut ici » ou encore « fut celui-ci ». Toutefois les auto-portraits que le peintre a réalisé viendraient infirmer la deuxième interprétation, même si certains analystes ont relevé de nombreuses ressemblances entre la femme de ce portrait et l’épouse de Van Eyck. En prenant en compte le reflet dans le miroir nous observons deux personnes, nous pouvons donc penser que le peintre s’est lui-même représenté dans ce portrait, qui devient par voie de conséquence un autoportrait, une innovation dans le monde de la peinture.
En continuant notre découverte du tableau nous pourrions penser que nous sommes face à un couple, peut être qui se marie, ou qui célèbre un heureux événement, si nous considérons que la femme est enceinte. Néanmoins, quelques doutes se dessinent quant à cette probabilité. Il était commun pour une femme de cette époque de porter une robe relevée et d’afficher un ventre proéminent en signe de fécondité, il est donc peu probable qu’il s’agisse d’une femme enceinte. Les avis d’experts se regroupent davantage sur un mariage où il était commun pour l’époque de ne pas avoir de prêtre et où deux témoins étaient nécessaires. Toutefois, d’autres experts remettent en question la célébration d’un tel évènement, ou en tout cas d’une célébration heureuse. Tout d’abord, la tenue sombre de l’homme qui vient en contraste avec la tenue de la femme ainsi qu’un regard qui ne lui ai pas adressé, puis, la main gauche qui réunie les deux amants supposés, main gauche qui à l’époque représente le diable, le côté impure, ces deux mains sont au centre du tableau surmontées par la représentation d’un petit diable, mais un chien se trouve au bas du tableau, signe de fidélité. Sur la gauche du tableau des fruits, pour certains des oranges et pour d’autres des pommes, innocence ou péché ? En haut du tableau un lustre, une seule bougie est allumée, signe de richesse ou de pauvreté ? De malchance ou d’espoir ? Ce tableau recèle de nombreux détails et questions, sans oublier de mentionner le contour du miroir avec les représentations religieuses.
Les différentes recherches et théories ont amené les historiens à identifier l’homme comme un bourgeois du nom d’Arnolfini, toutefois sa femme serait morte en couche en 1433, ce qui viendrait en opposition avec l’inscription manuscrite de Van Eyck datée de 1434, mais qui pourrait expliquer la symbolique contradictoire de l’oeuvre.
Nous vous invitons vous aussi à vous plonger dans les détails de cette oeuvre que vous pouvez voir sur le site de la National Gallery au Royame Uni où le tableau est exposé : https://www.nationalgallery.org.uk/paintings/jan-van-eyck-the-arnolfini-portrait

Le portrait de Dorian Gray
Pour cette nouvelle semaine nous vous invitons à vous plonger ou replonger dans une œuvre emblématique, l’unique roman d’Oscar Wilde, le portrait de Dorian Gray.
Imaginez un jour rencontrer une personne d’une beauté si pure que votre regard ne puisse plus s’en détacher, que cette beauté crée en vous un tourbillon d’émotions et de sensations encore jamais connus.
Cette personne dès le premier regard vous l’aimez, vous la chérissez, vous voulez la protéger et protéger ce visage si pur, ce corps si harmonieux. Cet amour que vous ressentez vous voulez le capturer, le garder seulement pour vous. Et comment faire pour saisir et conserver cette beauté immortelle autrement que par l’art et le portrait. Une beauté gravée dans la toile pour toujours, telle une promesse d’amour éternelle.
Oscar Wilde nous invite à repenser le beau et le pouvoir de l’art. Un roman intense que l’on aimerait sans fin.
Plus que le beau, Oscar Wilde nous peint une histoire dramatique. Une histoire d’amour de l’autre ; d’amour de soi, d’amour de la vie, un amour passionel et destructeur.
Une remise en question de ce que nous percevons comme beau et pur.
Une question, peut être sans réponse : que serions nous prêt à faire pour conserver jeunesse et beauté ? Comment l’extrême beauté peut-elle créer un monstre ?
Nous espérons que cette lecture vous enchantera et peut-être que vous aussi vous refuserez de lire les dernières pages de ce roman pour éviter qu’une telle beauté ne prenne fin.
Bonne lecture!
